Le jeune abbé Henri Grialou est entré au Carmel le 24 février 1922; un an plus tard, devenu le père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus, il est admis à faire sa profession religieuse dans l’Ordre du Carmel le 11 mars 1923 : don complet de lui-même à Dieu et pour l’Église dans le cadre de sa grâce carmélitaine. En réalité, ce don, il l’a déjà fait le jour de son ordination sacerdotale, alors qu’il disait à Dieu, en présence de ses confrères, le 4 février 1922 : “Je m’offre à vous pour tout ce que vous voudrez, pour la paix, la joie, comme pour l’obscurité et la souffrance.”
À l’occasion de cet anniversaire, le père Marie-Eugène nous invite à renouveler le don de nous-même comme acte d’amour parfait, acte que Dieu attend de chacun de nous comme notre réponse d’amour qui attire l’Esprit-Saint.
Vous trouverez ci-dessous un extrait d’une conférence du 2 août 1961, insistant sur la valeur de ce don.

 

« A la base de tout, de la collaboration que nous établissons avec Dieu sur le plan de la contemplation et de la vie spirituelle, il doit y avoir la reconnaissance de la transcendance de Dieu, de son autorité ; il doit y avoir la soumission à Dieu et, plus que cela, le don de tout ce que nous avons et de tout ce que nous sommes. Ceci dépasse la vie religieuse. On le fait, c’est vrai, dans la vie religieuse en prononçant des vœux ; mais le religieux ne le fait que parce qu’il veut réaliser parfaitement le christianisme, être parfait chrétien. Il ne le fait pas pour être un original mais pour réaliser la perfection chrétienne. Dieu attend donc cela. […] Cet acte que nous faisons, ce don de nous-même, de notre volonté libre, de notre intelligence, c’est l’acte que Dieu attend. Dieu ne nous a donné notre liberté qu’afin que nous puissions la donner. Donner son intelligence, sa volonté, donner son moi, c’est ce que nous pouvons donner de mieux au Bon Dieu, nous n’avons pas mieux à donner, et c’est ce qu’il attend de nous. […] Ce don de soi, cet acte que Dieu exige, parce qu’il aime la justice, qu’il veut nous respecter et ne veut rien faire sans nous, c’est le meilleur acte d’amour que nous puissions faire. […] Quand on a tout donné, qu’on donne tout bien sincèrement et bien réellement, on est dans un acte d’amour parfait. Ne le cherchons pas ailleurs. […] Notre Seigneur est notre modèle, notre voie, nous avons le devoir de le regarder. Toute sa vie, Notre Seigneur a vécu de cela, sa vie spirituelle c’est cela : s’offrir, se donner, faire la volonté de Dieu, réaliser le dessein de Dieu et s’offrir pour ce dessein » Revue Carmel 1988, numéro 51, page 329-333

Pour aller plus loin…

Notre-Seigneur est notre modèle, notre “voie”. Or, qu’a-t-il fait ? En arrivant en ce monde, il s’est donné. C’est le premier acte humain, pourrait-on dire, le premier acte de l’humanité du Christ. Il n’a pas affirmé son existence comme fera Descartes: “je pense, donc je suis”, il a dit : j’existe, donc je me donne. C’est le premier acte de Notre-Seigneur : “Vous n’avez pas voulu des holocaustes, vous m’avez donné un corps, vous m’avez créé, me voici pour faire votre volonté” (He 10, 5-7) et déjà dans tout cela, il y a l’offrande pour le sacrifice.

G. Gaucher, biographie p. 190

Disposition foncière du Christ, le don complet de soi est une disposition foncièrement chrétienne. Elle identifie au Christ par les profondeurs, et, sans elle, toute imitation de Jésus ne saurait être que superficielle et peut-être vain formalisme extérieur. Pour être du Christ il faut lui être livré comme il est livré à Dieu, car nous sommes du Christ et le Christ est à Dieu.
Le don de nous-mêmes nous livre à la grâce du Christ qui est en nous, elle est un appel à une emprise plus complète du Christ. […] chez nous, le don de soi est une provocation à la miséricorde divine pour des envahissements nouveaux. La miséricorde ne peut que répondre car elle est l’amour qui se penche irrésistiblement sur la pauvreté qui l’appelle.
Je veux voir Dieu t° 32

– 10 minutes de prière en méditant la lettre aux Hébreux ch. 10, verset 7

– Conseil pratique: quel geste concret exprimera aujourd’hui mon désir de progresser dans le don de moi-même selon ma vocation?