En quatre moments, le père Emmanuel Hirschauer propose une découverte de l’enseignement du père Marie-Eugène sur la personne humaine dans sa corporéité, autour des mystères joyeux, lumineux, douloureux et enfin glorieux, de la vie de Jésus.

 

Mystères douloureux

“Avec le Christ, je suis un crucifié ; je vis, mais ce n’est plus moi, c’est Christ qui vit en moi. Car ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi” 

(Ga 2,19-20).

 

Il n’est pas toujours possible de sourire et parfois nos yeux sont remplis de larmes. La souffrance n’est jamais acceptable pour elle-même : « Nous aspirons au bonheur, nous sommes faits pour lui » (P. Marie-Eugène, Conférence, 19 juillet 1932 ; GG, p. 295). Comment vivre l’épreuve qui nous meurtrit ? Regarder Jésus sur la croix et se laisser regarder par lui ouvre un chemin… :

Aucune souffrance, aucun besoin des hommes, ne le laissait indifférent. Il fallait qu’il soulage, il fallait qu’il guérisse (P. Marie-Eugène, Homélie, 24 janvier 1965 ; GG, p. 295).
Il y a des objections de toute notre être contre la souffrance annoncée. Notre pauvre nature humaine, notre foi ont besoin d’être soutenues. Disons à Notre-Seigneur : montrez-nous la clarté lointaine de la fin du tunnel, que nous marchions vers ce point lumineux qui brille dans l’obscurité (P. Marie-Eugène, Homélie, 24 fév. 1963).

 

Le P. Marie-Eugène imagine le regard que Marie elle-même a porté sur son Fils Jésus, mort, descendu de la croix, et remis entre ses bras :

Maternellement, vous regardez ses plaies, son visage, vous découvrez sa majesté, vous l’embrassez. Permettez-nous de l’embrasser après vous, son front, son visage, ses pieds et ses mains, la blessure du cœur (P. Marie-Eugène, Chemin de croix : Jésus est remis à sa mère Vierge toute mère, p. 152).

A chaque étape de sa vie, le P. Marie-Eugène est passé par le creuset de l’épreuve :

J’ai beaucoup souffert dans ma vie. Il faut cela pour la fécondité (à Marie Pila, 1967 ; GG, p. 147).
Jésus m’a montré que ce serait par la souffrance que je remplirai le rôle qu’Il veut me confier (LT d’Henri Grialou à Berthe, 18 fév. 1922, au moment de son départ pour entrer au Carmel) (GG, p. 73).

Dans la maladie qui l’a finalement emporté, il fait plus que jamais l’expérience de sa faiblesse :

Je sors de cette maladie affaibli, mais appuyant ma faiblesse sur la Miséricorde de Dieu, sur la force de la Croix de Notre-Seigneur (P. Marie-Eugène ; GG, p. 260).

A chaque étape, sa confiance et sa foi vive grandissent, si bien qu’il peut confier :

Comment voulez-vous que je ne sois pas heureux avec tout cela, quelles que soient mes souffrances ? Cette joie surprend tout le monde, elle est normale.

Hier, pendant les examens [ils ont duré trois heures], j’ai fait oraison tout le temps sur la table [d’examen]. On me demandait si je n’avais pas mal sur cette table… Bien sûr que j’avais mal, à la colonne vertébrale, partout… Mais ça ne comptait pas, j’étais avec la Trinité Sainte, le temps ne m’a pas paru long (P. Marie-Eugène ; GG, p. 262).

Si on parle de moi, il faudra dire que je suis pauvre, simple et que j’ai souffert… (P. Marie-Eugène ; GG, p. 263).