Chapelle Ste Emérentienne, clocher

 

Le 29 novembre 1975 débutaient les travaux de terrassement qui allaient permettre la construction de la chapelle Sainte Emérentienne. La première pierre a été bénie le 2 février 1976 par le Père François Retoré et l’édifice consacré par le Cardinal Mayer le 24 août 1977, en la fête de Saint Barthélemy et en l’anniversaire de la fondation du Carmel de Saint Joseph d’Avila, premier monastère de la Réforme thérésienne.

 

Sainte Emérentienne

 

Sainte Emérentienne était une jeune esclave romaine du 4ème siècle, sœur de lait de Sainte Agnès et lapidée sur la tombe d’Agnès.

Humble et fidèle jusqu’à la mort, elle a été donnée pour modèle aux membres de Notre Dame de Vie par le Père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus, carme, fondateur de l’Institut.

La statue de la jeune sainte réalisée par un artiste philippin se trouve près de l’entrée Nord-Est (côté colline). Elle porte dans ses mains des pierres, signe de son martyre.

C’est à elle que cet édifice est dédié.

Statue d'Emérentienne

 

La construction de la chapelle

 

Chapelle Ste Emérentienne, prise du fond

Manuel Aymerich, architecte madrilène, en a conçu les plans à la demande de Marie Pila, co-fondatrice de l’Institut Notre Dame de Vie. L’entreprise Moro de Montélimar en a assuré la réalisation. L’originalité se trouve essentiellement dans la technique qui a permis de construire un édifice sans piliers, dont la couverture, faite de coques de béton, repose tout entière sur un portique central.

L’arc du portique est fait de trois poutres de béton reliées entre elles par des câbles d’acier tendus à l’intérieur. Il repose sur les deux piliers Nord et Sud dont la partie enterrée est aussi importante que celle qui paraît aux regards. Le Christ et la Vierge se font face, comme pour porter la totalité de l’édifice.

Les 33 coques qui forment le toit sont accrochées au portique central. Habituellement utilisées comme poutres dans des constructions de grande ampleur, elles ont été placées ici côte à côte et décalées de façon à laisser passer la lumière zénithale.

Le mur principal en pierres de Crillon apparentes s’ouvre sur le chœur tels deux larges bras et s’impose comme une image significative de l’Eglise corps mystique du Christ : chaque pierre est différente, chacune a sa place plus ou moins importante, mais toutes sont nécessaires. A l’opposé, l’autre mur de pierre se déplie sous les coques et contribue à donner l’allure d’un grand coquillage ouvert à cet espace harmonieux qui épouse la pente de la colline. Le maître d’œuvre a réussi, en mariant pierre et béton, sobriété et audace, à créer un lieu de prière qui trouve son plein achèvement lors des célébrations liturgiques.

Le chœur et les différents éléments

Le chœur est le point de convergence des regards qui embrassent dans le même mouvement l’autel, le tabernacle et le Christ en croix. L’autel, monolithe de cinq tonnes taillé par M. Altoviti dans un bloc de roche d’Espeil, a été extrait d’une carrière du Luberon et posé sur un dallage de pierre de Trani (Italie).

Lors de la dédicace d’une église, la consécration de l’autel tient une place particulière puisqu’il est tout à la fois le lieu du sacrifice et le symbole du Christ. Cinq croix gravées dans la pierre, signe des cinq plaies du Christ ont été ointes de Saint Chrême.

Suivant la tradition des premiers chrétiens qui célébraient la messe sur le tombeau des martyrs, des reliques de plusieurs saints ont été placées dans l’autel, du côté du célébrant : Ste Emérentienne, St Siffrein évêque de Venasque et Carpentras au 6ème siècle, Ste Thérèse d’Avila, St Jean de la Croix, Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, Ste Maria Goretti et St Jean-Marie Vianney.

Statue de la Vierge, chapelle Ste EmérentienneLe tabernacle en bronze, lieu de la présence de Dieu, est une oeuvre de la fonderie d’art allemande « Bronzes Strassacker ».

L’ambon, table de la Parole, et tout le mobilier en chêne massif, ont été dessinés par Jean-François Galli et réalisés par Jean-Marie Roux, ébéniste à Carpentras, qui remarquait n’avoir jamais eu un si beau lot de bois entre les mains.

La statue de la Vierge (18ème siècle) ainsi que le Christ (sans doute du 16ème siècle) proviennent d’Agen, tandis que la vieille poutre de chêne-vert qui forme la croix est le don d’un habitant de Venasque.

La cloche, œuvre de François Granier, fondeur à Hérépian (Hérault) a été ‘baptisée’ Marie-Emérentienne le 27 novembre 1988 en la fête de St Siffrein, par Mgr Kia archevêque de Taipei (Taiwan). Elle rythme la vie chrétienne par ses appels à la prière : l’Angélus le matin, à midi et le soir, l’Eucharistie dans la journée. Son timbre – la note Si – est en accord avec celui des cloches de Venasque (Ré, Sol, Si, Do) et de Notre-Dame de Vie.

Les 157 m² de vitraux ont été conçus et exécutés par Jean-Marie Balayn, maître-verrier à Loriol (Drôme).

Le bénitier de la porte Nord-Est est une réalisation de Martin Damay. Enfin, les murs portent, comme l’autel, la trace de leur consécration : 12 croix, marquées elles aussi du Saint Chrême. Elles représentent les 12 Apôtres, colonnes spirituelles sur lesquelles repose l’Eglise du Christ.

Quelques chiffres

  • Hauteur maximale sous la voûte : 17 mètres. Largeur : 42 mètres.
  • Profondeur : 36 mètres.
  • Surface : 970 m². Surface du chœur : 110 m².
  • Longueur du portique central, entre les piliers : 28 mètres.
  • Largeur des poutres du portique : 2 mètres
  • Largeur des coques : 2,50 mètres.
  • La plus longue coque : 26,60 mètres ; 22,75 tonnes.
  • Acier pour ferraillage : plus de 40 tonnes.
  • Nombre de places assises : 785

En demandant la consécration d’une église, les chrétiens s’engagent à en célébrer la Dédicace comme une Solennité. Aussi, chaque année en ce lieu, le 24 août, est célébrée une messe solennelle d’action de grâce pour cet espace devenu sacré, signe terrestre de la cité du Ciel.

 

Seigneur, que cette église soit pour nous la demeure du Salut et le lieu des Sacrements ; qu’on y entende proclamer la Bonne Nouvelle de la Paix, qu’on y célèbre tes Mystères ; alors tes fidèles, fortifiés par la Parole de Vie et par la grâce dans leur marche à travers la cité terrestre, pourront parvenir à la Jérusalem éternelle, où tu auras la bonté, Père très bienfaisant, de rassembler tes enfants dispersés.  (Liturgie de la Consécration)

 

Méditation sur la Chapelle Sainte Emérentienne

En cet espace, toute l’histoire sainte de Dieu et des hommes.
Toute la force d’attraction du Divin et tout le soulèvement de l’Humain !
L’Arc-en-Ciel relie le Crucifié-Ressuscité et la Vierge à l’Enfant.
A son sommet, la Brisure qui est la Rencontre.
« Elevé de terre, j’attirerai tout à moi ». C’est juste au dessus de l’autel.
Dans l’Arche ainsi larguée, toute l’histoire à l’ombre portée de la Croix de gloire.
Toute la vie qui monte et converge.
Au Commencement, au Principe : le Vivant, l’Eternel. « L’Eternel est vu ».
Sur un même plan, en haut du chœur, trois traverses de lumière.
« Au nom du Père et Fils et du Saint-Esprit »,
Unique « présence de lumière ».
Au commencement encore le Verbe fait chair.
« La Vie qui est la lumière des hommes ».
Il vient dans le monde Celui qui est la « Lumière du monde ».
En s’abaissant, il appelle l’humanité à sa plus grande élévation.
La lumière fait face à la Lumière : l’Epouse est lumineuse de son Epoux.
A sa lumière, notre lumière : elle est Belle de Son Seigneur.
« Tout ce qui est à moi est à toi ». « Vous êtes la lumière du monde ».
Pour en arriver là, pour que se réalise cette longue Assomption,
Pour que la Fin rejoigne le Commencement,
Pour que les vagues montantes, d’ombres et de clarté mêlées ,
Se jettent dans la huitième traverse de lumière,
Pour qu’en ce huitième Jour s’accomplissent les promesses de notre Baptême,
S’achève notre « course de géant ».
Depuis le Centre, depuis l’autel,
A droite six verticales de lumière, les six jours de la Création
« Un soir, un matin : bon, très bon ! »
A gauche, trois verticales, la Foi l’Espérance, la Charité.
Don au delà de tout don, don parfait : Pardon !
A partir du fond, entre les quatre fenêtres, les quatre éléments du cosmos,
Les quatre points cardinaux.
La formidable poussée ! L’immense élan !
L’Esprit qui conduit les pierres vivantes de l’Eglise de la terre
Aux pierres vivantes de la Jérusalem céleste !
Autour de Notre Dame, figure de proue de l’Eglise, Reine de Apôtres,
Comme à la Pentecôte,
En pleins et en déliés, douze arêtes : les Douze.
Dans cet espace, un instant, tu viens prendre ta place.
Avec ceux qui sont là et que tu vois.
Avec ceux que tu ne vois pas
Parce qu’ils ne sont plus là,
Parce qu’ils n’y sont pas encore.
Avec tous tes frères humains,
Ouvre-toi à Celui qui vient !
Ensemble ici et maintenant, nous sommes l’humanité venue de l’Avenir !

P. Hervé Renaudin, le 24.01.1992, prêtre de Paris, puis Evêque de Pontoise (+ 20.01.2003)